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TITULATURE

Titulature de L'Empereur Soundjata Keita du Mandé

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« Mansa ou Mandé Massa Soundjata Keita, Faama du Mandé, Empereur du Mâli, Lion du Manding, Libérateur des peuples, Roi des rois, Gardien de la Charte du Manden. »

Mansa / Mandé Massa

  • Signification : "Empereur", "Roi des rois" en mandingue.

  • Source :

    • Le mot "Mansa" est attesté chez Ibn Khaldûn et Ibn Battuta, qui décrivent les souverains du Mali sous ce titre (cf. Histoire des Berbères d’Ibn Khaldûn).

    • Le titre "Mandé Massa" apparaît dans certaines variantes de la tradition orale (recueillies notamment dans les travaux de Youssouf Tata Cissé et Wâ Kamissoko) comme une forme plus authentique employée durant la période impériale.

    • Cf. Cissé & Kamissoko, La grande geste du Mali, 1988.

 

Faama du Mandé

  • Signification : "Souverain", "chef guerrier" ou "roi" en mandingue.

  • Source :

    • Ce titre était porté dans le royaume du Mandé avant la centralisation impériale.

    • Les griots l’utilisent pour désigner les chefs historiques du Mandé. Soundjata était Faama de Kangaba avant de devenir Mansa.

    • Cf. Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue, 1960 ; Youssouf Tata Cissé, La confrérie des chasseurs malinké et bambara, 1994.

 

Empereur du Mâli

  • Signification : Reconstitution moderne de sa fonction en tant que souverain d’un empire transrégional.

  • Source :

    • Ibn Khaldûn et al-Umari décrivent les dirigeants du Mali comme des souverains puissants contrôlant un vaste territoire (Kitâb al-ʻIbar).

    • Le terme "empereur" est une interprétation moderne pour désigner le chef d’un État impérial.

    • Cf. Nehemia Levtzion, Ancient Ghana and Mali, 1973.

 

Lion du Manding

  • Signification : Titre honorifique issu de l’épopée ; symbolise sa bravoure et sa force.

  • Source :

    • Présent dans l’épopée orale transmise par les griots (djeli), notamment dans la version recueillie par Djibril Tamsir Niane.

    • C’est un surnom poétique : « Soundjata, le Lion du Manding ».

    • Cf. Soundjata ou l’épopée mandingue, D.T. Niane, 1960.

 

Libérateur des peuples

  • Signification : Titre symbolique basé sur sa victoire contre Soumaoro Kanté et l’unification des clans mandingues.

  • Source :

    • Reflété dans l’ensemble de la tradition orale mandingue.

    • Présente Soundjata comme celui qui a « libéré » le Mandé de l’oppression sosso.

    • Cf. La grande geste du Mali, Cissé & Kamissoko, 1988.

 

Roi des rois

  • Signification : Traduction du titre de Mansa, dans le sens d’une suprématie féodale sur d’autres rois vassaux.

  • Source :

    • Implicite dans les récits arabes et l’organisation féodale du Mali médiéval.

    • Le Mansa était reconnu comme le souverain suprême, au-dessus des rois locaux.

    • Cf. Ibn Khaldûn, Levtzion.

 

Gardien de la Charte du Manden

  • Signification : Titre honorifique et symbolique, qui fait référence à l’attribution à Soundjata de la proclamation de Kuru Kan Fuga.

  • Source :

    • Cette charte, souvent considérée comme une des premières déclarations des droits de l’homme (liberté, justice, solidarité), est transmise par les griots.

    • Son existence historique est débattue, mais elle reste un pilier culturel de la mémoire mandingue.

    • Cf. Youssouf Tata Cissé, La Charte du Mandé, 1998 ; UNESCO, Mémoire du monde.

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Ibn Khaldoun, historien et philosophe arabe, mentionne l'empire du Mali dans son ouvrage Kitab al-Ibar, Le Livre des Exemples ou Livre des considérations sur l’histoire des Arabes, des Persans et des Berbères, 1375-1379. Il décrit les souverains du Mali, y compris Soundjata Keita, comme des rois puissants et riches. Il utilise le terme Mansa (roi des rois) pour désigner les empereurs du Mali, Ibn Khaldoun évoque la grandeur de l'empire du Mali et son contrôle sur les routes commerciales.

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Al-Umari, un érudit arabe, a écrit Masalik al-Absar fi Mamalik al-Amsar (Les Chemins des regards dans les royaumes des métropoles), où il décrit l'empire du Mali. Il mentionne la richesse et la puissance des souverains du Mali, y compris Soundiata Keïta, mais se concentre davantage sur l'économie et l'administration de l'empire que sur les titres spécifiques des rois.

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Ibn Battuta, voyageur marocain, a visité l'empire du Mali en 1352-1353 et a écrit sur son expérience dans Rihla, Voyages écrit entre 1325 et 1355. Il décrit le règne de Mansa Moussa, sans mentionner directement Soundjata. Cependant, ses récits confirment l'importance du titre Mansa pour les souverains du Mali.

Titulature de L'Empereur Kankou Moussa

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« Mansa Moussa, Émir des Émirs, Émir de Melle, Roi des rois de l’Afrique de l’Ouest, Mansa du Mandé, Lion du Mali, Amir al-Mu’minin, Al-Hajj, Seigneur des Mines de Wangara, Maître des Rivières du Niger et du Sénégal, Conquérant de Ghanata, du Fouta-Djalon et du Tekrour, Suzerain du Djolof, des Peuls et des Songhaï, Protecteur des Savants et des Arts, Gardien des Routes de l’Or et du Sel. »

 

Mansa du Mandé

Le titre de Mansa est le plus fréquemment mentionné dans les sources arabes, notamment chez Al-Umari, Ibn Khaldûn et Al-Maqrizi. Il est également central dans les traditions orales mandingues. Le mot "Mansa", dérivé du mandingue, signifie littéralement « roi des rois » ou « empereur ». L’ajout de "du Mandé" renvoie à la région fondatrice de l’empire.

  • Sources :

  • Ibn Khaldûn, Kitâb al-‘Ibar, vol. VI.

  • Al-Umari, Masālik al-Abṣār fī Mamālik al-Amṣār, 14e s.

  • Niane, D.T., Soundjata ou l’épopée mandingue, 1960.

 

Émir des Émirs / Émir de Melle

Les géographes arabes, qui islamisaient les termes politiques africains, utilisent "Émir de Melle" pour désigner le souverain du Mâli. Al-Umari note que Mansa Moussa fut considéré comme un "émir supérieur", notamment lors de son passage au Caire.

  • Sources :

  • Al-Umari, Masālik al-Abṣār, éd. De Slane.

  • Al-Maqrizi, Kitāb al-Sulūk, cité par Nehemia Levtzion (Ancient Ghana and Mali, 1973).

 

Roi des rois de l’Afrique de l’Ouest

Ce titre est reconstitué historiographiquement, fondé sur le fait que l’empire du Mâli dominait une mosaïque de royaumes. L’ampleur du territoire sous Moussa est attestée par Al-Umari et d’autres auteurs arabes, qui le présentent comme souverain d’un immense empire.

  • Sources :

  • Al-Umari, Masālik al-Abṣār.

  • Nehemia Levtzion, Ancient Ghana and Mali, 1973.

  • Levtzion & Hopkins, Corpus of Early Arabic Sources for West African History, 1981.

 

Lion du Mali

Ce titre est tiré des traditions orales, dans la continuité symbolique de Soundjata Keita, "Lion du Manding". Il représente la puissance, le courage et l’autorité. Bien que non utilisé dans les sources arabes, il est profondément enraciné dans la mémoire épique.

  • Sources :

  • D.T. Niane, Soundjata, 1960.

  • John William Johnson, The Epic of Sunjata, 1992.

  • Témoignages de griots contemporains (archives orales de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire - IFAN).

 

Amir al-Mu’minin (Commandeur des croyants)

Titre islamique honorifique, attribué au souverain musulman exemplaire. Al-Umari rapporte que les Égyptiens l’ont reçu avec les honneurs dus à un "commandant des croyants" après avoir vu sa piété, sa générosité et sa foi. Il ne portait pas ce titre de manière permanente, mais il fut utilisé en reconnaissance symbolique.

  • Sources :

  • Al-Umari, Masālik al-Abṣār, section sur le pèlerinage.

  • Levtzion & Hopkins, Corpus, p. 273.

 

Al-Hajj

Le titre Al-Hajj est pleinement justifié : Mansa Moussa a accompli le pèlerinage à La Mecque entre 1324-1325, selon tous les récits médiévaux. Ce pèlerinage fut un événement de portée mondiale, rapporté par de nombreux auteurs.

  • Sources :

  • Al-Maqrizi, Kitāb al-Sulūk.

  • Ibn Khaldûn.

  • Levtzion & Hopkins, Corpus, p. 265-274.

 

Seigneur des Mines de Wangara

Les sources arabes désignent souvent le Mali comme le pays de l’or. Ibn Battûta, bien qu’arrivant plus tard, confirme que les mines de Wangara étaient contrôlées par l’empereur. Wangara (ou Ouangara) désigne à la fois un peuple et une région aurifère du Mali ancien.

  • Sources :

  • Al-Umari, Masālik al-Abṣār.

  • Ibn Battûta, Rihla.

  • Nehemia Levtzion, Ancient Ghana and Mali, p. 104-110.

 

Maître des Rivières du Niger et du Sénégal

Bien que ce titre n’apparaisse pas dans les textes, les fleuves jouaient un rôle stratégique et Mansa Moussa contrôlait des portions cruciales. Le Niger irrigue les villes de Tombouctou et Gao ; le Sénégal permet l'accès aux régions ouest de l’empire.

  • Sources :

  • Djibril Tamsir Niane, Histoire générale de l’Afrique, t. IV.

  • Jan Vansina, Kingdoms of the Savanna, 1966.

 

Conquérant de Ghanata, du Fouta-Djalon et du Tekrour

Le royaume de Ghana (Ghanata) est annexé ou subordonné sous les premiers mansa, puis renforcé sous Moussa. Le Tekrour, islamisé, entretenait des relations avec le Mali. L’intégration du Fouta-Djalon est attestée dans des traditions locales, bien que peu documentée dans les sources écrites.

  • Sources :

  • Ibn Khaldûn, Kitāb al-‘Ibar, t. VI.

  • Niane, Histoire du Mali, 1975.

  • Barry Boubacar, Le royaume du Tekrour, 1985.

 

Suzerain du Djolof, des Peuls et des Songhaï

Le Djolof, selon la tradition wolof, aurait reconnu la suprématie du Mali au XIVe siècle. Les Peuls étaient intégrés dans les régions du Macina et du Fouta. Les Songhaï furent soumis avant leur essor au XVe siècle.

  • Sources :

  • Niane, Histoire du Mali.

  • Barry, Le royaume du Tekrour.

  • J.F. Ade Ajayi, Histoire générale de l’Afrique, UNESCO.

 

Protecteur des Savants et des Arts

Le soutien de Mansa Moussa à l’islam savant est abondamment documenté. Il invita l’architecte andalou Es-Saheli, fit bâtir des mosquées et finança l'enseignement coranique. Tombouctou devint un centre intellectuel international sous son règne.

  • Sources :

  • Al-Umari.

  • Hunwick, J.O., Timbuktu and the Songhay Empire, 1999.

  • Levtzion & Hopkins, Corpus, p. 270-274.

 

Gardien des Routes de l’Or et du Sel

Mansa Moussa contrôlait les routes caravanières vers Sijilmassa, Taghaza, et le Caire. Ce rôle stratégique est mentionné chez Al-Umari et dans les récits des marchands maghrébins.

  • Sources :

  • Al-Maqrizi, Kitāb al-Sulūk.

  • Nehemia Levtzion, Ancient Ghana and Mali, p. 85-100.

  • Levtzion & Hopkins, Corpus, p. 268-275.

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   Le titre de "Commandeur des Croyants" en Égypte lors de son pèlerinage à La Mecque en 1324

 

 

 

 

 

 

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Son Immense Richesse et Générosité

Lors de son passage en Égypte, Mansa Moussa a distribué d’énormes quantités d’or aux populations locales, aux érudits et aux dignitaires du Caire. Son immense générosité et sa munificence ont marqué les esprits et renforcé son prestige auprès des élites musulmanes.

Son Respect des Normes Islamiques

Malgré son statut d’empereur, Mansa Moussa s’est présenté comme un souverain pieux et respectueux des traditions islamiques. Il a suivi les protocoles du pèlerinage et a cherché la bénédiction des autorités religieuses.

Sa Soumission Protocolaire au Sultan d'Égypte

Initialement, Mansa Moussa a refusé de se présenter devant le sultan mamelouk Al-Nâsir Muhammad, car en tant qu’empereur, il ne voulait pas se soumettre à un autre souverain. Mais sous la pression de ses conseillers et des autorités égyptiennes, il a finalement accepté de lui rendre visite, tout en trouvant une manière diplomatique de préserver son prestige. Cette rencontre a renforcé son image en tant que souverain musulman respectueux des traditions.

Son Soutien aux Institutions Religieuses

Mansa Moussa a financé la construction de mosquées et d’écoles coraniques tout au long de son voyage. Son engagement dans la diffusion du savoir islamique lui a valu une reconnaissance parmi les savants et théologiens.

Reconnaissance par les Autorités Musulmanes

Le titre de "Commandeur des Croyants" n’était pas un titre officiel dans le Califat, mais il servait à reconnaître un souverain musulman comme protecteur de la foi et de ses sujets musulmans. En Égypte, les érudits et le sultan ont reconnu Mansa Moussa comme un dirigeant islamique exemplaire et lui ont accordé ce titre honorifique. Il n’existe pas de source précise indiquant que ce titre lui a été officiellement décerné par une seule personne spécifique. Ce sont plutôt les érudits, les chefs religieux et les dignitaires de la cour mamelouke qui, impressionnés par son engagement islamique et sa générosité, l’auraient reconnu comme un souverain musulman de premier plan. Il est aussi possible que des ulémas (savants musulmans) de la prestigieuse université d'Al-Azhar aient contribué à cette reconnaissance, car ils étaient influents dans la validation de la légitimité des dirigeants musulmans. En résumé, bien que le sultan Al-Nâsir Muhammad ait pu jouer un rôle indirect dans cette reconnaissance, c'est surtout l'ensemble des élites musulmanes du Caire qui ont élevé Mansa Moussa à ce statut prestigieux.

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Coiffe rayée de soierie incisée, Égypte ou Syrie, période mamelouke, datant probablement du sultanat al-Nasir al-Din Muhammad (règne de 1293 à 1341, avec deux interruptions), XIVe siècle. Lampas, soie et or, 14 x 15,5 x 10,5 cm. The Cleveland Museum of Art, Cleveland, Ohio, achat du J.H. Wade Fund, 1985.5. Photographie provenant du Cleveland Museum of Art

Pendant son séjour au Caire, Mansa Moussa fut accueilli par le sultan al-Nasir al-Din Muhammad, qui le couvrit de présents, dont une calotte ornée d’emblèmes califiens officiels. La coiffe où il est inscrit « Gloire à notre seigneur sultan al-Malik al-Nasir » ressemble sans aucun doute à cet exemple luxueux de la même époque.

Les prédicats dans la noblesse mandingue

Dans la noblesse mandingue, comme dans d’autres systèmes aristocratiques traditionnels, les prédicats jouent un rôle central dans la reconnaissance des statuts, des fonctions, et de l’ancienneté au sein de la société. Contrairement aux titres stricto sensu (tels que Mansa ou Soni-Farma), les prédicats sont des éléments honorifiques ou fonctionnels associés à un nom, un titre ou une fonction, et ils permettent d’exprimer l’échelle hiérarchique, la compétence, le prestige ou la mémoire des faits d’armes.

Ces prédicats ne se limitent pas aux empereurs ou aux rois, mais concernent l’ensemble des strates de la noblesse traditionnelle : princes, chefs militaires, gouverneurs de province, grands dignitaires du culte, maîtres de corporation, voire figures honorées par les griots pour leur sagesse ou leur bravoure.

Typologie des prédicats les plus courants

Tigui (ou Tigi) – « Maître de… », « Seigneur de… »

Ce prédicat est probablement l’un des plus fréquents dans la tradition mandingue. Il désigne une autorité directe sur un espace, un corps ou une charge.

  • Exemples :

    • Donsolu-Tigui : Maître des chasseurs, équivalent d’un Grand Veneur ou chef des confréries cynégétiques.

    • Bèlèkoun-Tigui : Maître des gardes, chef de la garde royale ou des sentinelles d’un palais.

    • Faga-Tigui : Maître des forgerons, dans la hiérarchie des castes artisanales.

    • Kafu-Tigui : Chef d’un territoire ou d’une confédération de villages (Kafu).

Il s'agit d'un prédicat fonctionnel : il est lié à une autorité effective ou honorifique sur un domaine spécifique, qu’il soit militaire, rituel ou territorial.

Farma – « Gouverneur », « Commandant », « Officier supérieur »

Dérivé du mot désignant l'administration ou le commandement, Farma est utilisé dans les contextes où un dignitaire exerce une fonction de direction stratégique ou tactique, militaire ou administrative. On le retrouve dans des titres liés à l’Empire, mais aussi dans des provinces ou royaumes vassaux.

  • Exemples :

    • Soni-Farma : Commandant suprême des armées (Soni = armée).

    • Soma-Farma : Chef des éléphants de guerre.

    • Wanjira-Farma : Gouverneur de la capitale ou d’un centre névralgique de l’administration.

    • Kènè-Farma : Responsable de la santé ou des cultes de guérison.

C’est un prédicat de commandement et de gestion, qui désigne un agent responsable devant le Mansa ou un roi secondaire.

Faama – « Souverain », « Roi », « Commandeur »

Ce prédicat renvoie à une autorité royale ou semi-souveraine, souvent utilisée dans les provinces ou régions périphériques de l’Empire. Il peut désigner un roi vassal, un prince régnant ou un chef de lignée royale.

  • Exemples :

    • Faama du Mandé : Seigneur du Mandé, équivalent d’un grand suzerain ou roi ancestral.

    • Faama de Kaarta ou de Bobo-Dioulasso : rois locaux sous influence de l’Empire à certaines périodes.

Dans certains cas, le terme "Faama" était également utilisé par les peuples bambara et voltaïques voisins, ce qui montre sa diffusion comme prédicat de souveraineté régionale.

Koro – « Aîné », « Doyen », « Suprême »

Koro est un prédicat de séniorité, de primauté, et parfois de sacralité. Il désigne l’aîné ou le plus ancien, soit dans une lignée, soit dans une fonction, soit dans l’exercice du pouvoir.

  • Exemples :

    • Mansa-Koro : Le Grand Mansa, doyen des empereurs ou empereur vénéré.

    • Tigui-Koro : Maître ancien, parfois un chef émérite toujours honoré.

    • Farma-Koro : Gouverneur ancien, retraité mais honoré dans les cérémonies.

Ce prédicat est utilisé dans les rituels d’initiation, dans les cérémonies funéraires ou commémoratives, ou dans les éloges des anciens chefs ou patriarches.

Nya – « L’élu », « Le valeureux », « L’honoré »

Ce prédicat est souvent attribué par les griots et désigne une reconnaissance publique des qualités morales, militaires ou spirituelles d’un individu. Il ne renvoie pas à une charge officielle, mais à une vertu ou un mérite exceptionnel.

  • Exemples :

    • Djata-Nya : Soundjata l’élu, le courageux.

    • Kèlè-Nya : le victorieux au combat.

    • Fôro-Nya : le juste ou l’érudit.

Le prédicat "Nya" est comparable aux épithètes héroïques de la tradition grecque ou aux surnoms héraldiques européens. Il est évolutif, parfois transmis, parfois unique.

Fonctions sociales et culturelles des prédicats

L’usage des prédicats dans la société mandingue ne répond pas seulement à des conventions de protocole : il joue un rôle identitaire, éducatif et mémoriel. Les prédicats :

  • Structurent la hiérarchie de la cour et des assemblées régionales.

  • Codifient l’éloquence des griots : chaque titre doit être cité avec précision dans les éloges (faasa).

  • Transmettent l’histoire et les exploits : un titre ou un prédicat mémorise une conquête, un pacte, un acte fondateur.

  • Expriment le respect ou la déférence dans la prise de parole, notamment entre pairs ou envers un supérieur.

Enfin, ces prédicats sont indissociables du donsoya (code d’honneur des chasseurs), du kamalenya (éthique du jeune noble en apprentissage), ou du horonya (la vertu de dignité).

  • Sources et références principales :

  • Youssouf Tata Cissé & Wâ Kamissoko, La grande geste du Mali (1988)

  • Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue (1960)

  • Jan Jansen, The Griot’s Craft: An Essay on Oral Tradition and Diplomacy (2000)

  • Nehemia Levtzion, Ancient Ghana and Mali (1973)

  • Mamadou Diawara, La parole du griot : l’exemple du royaume de Jaara (Mali), IFAN

  • Archives orales du Mali, IFAN-Dakar (enregistrements des griots sur les titres et prédicats nobles)

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